Mardi 3 avril 2007
Dernières images du site "Rencontres Sauvages" : 59
Si cette page ne s'affiche pas correctement, cliquez [ici]


Affiche de l'exposition que je prépare.

Si vous désirez me rencontrer lors de l'installation de l'exposition,
je serai présent toute la journée du samedi 7 avril prochain
au Cyberspace Omnis, 30 rue de la Liberté à Embrun.

Nous pourrons alors échanger sur cette exposition.

Pour voir le livret virtuel rassemblant les images de cette exposition,
cliquez sur l'animation ci-dessous :

ou [ici]

Attention, c'est une animation en "flash" qui peut prendre un peu
de temps à télécharger. Il y a de la musique : allumez vos hauts-parleurs !.
Cliquez sur "play", la petite flèche en bas à droite de la première page.




Eau


quelques images extraites de l'exposition
(prises au bord du Lac de Saint-Point, Haut-Doubs)

Gouttelettes d'eau sur la tête d'un cygne

Reflet d'un cygne à sa toilette

Dans la brume

Sous la pluie

Combat de foulques macroules

Troupe de cygnes tuberculés devant Port-Titi



Un petit texte :

"WATASENIA

Il y avait la masse liquide partout, partout. Silencieuse, et lourde, avec cette grande couleur terne qui régnait, qui empêchait de voir. Elle pesait de tout son poids sur les plaques de rochers noirs, elle glissait sur elle-même, s’ouvrant, se fermant, comme ça, sans arrêt. C’était elle qui donnait la vie, peut-être, qui la fabriquait au fond de ses antres, avec le mouvement régulier et élastique de l’eau salée. Les choses se décomposaient dans le fond de vase, lâchant des séries de bulles qui remontaient pendant des heures. Rien n’apparaissait encore. Seulement des ombres horizontales qui traversaient le liquide, pareilles à de grands sous-marins aveugles. Dans les profondeurs, il n’y avait pas de jour et pas de nuit, rien que la masse terne qui oscillait sur elle-même, rabotait les roches, arrachait des bribes, laissait passer des avalanches lentes. Depuis combien de temps déjà? Des siècles, des milliers de siècles peut-être, et ça n’avait pas d’importance. Rien ne parlait, rien n’écoutait. Dans la sphère du silence, sans héros, sans langage, mais ce qui devait venir se préparait. Sur le fond, si loin de la surface que c’était comme si l’air n’avait jamais existé, la neige tombait: parcelles d’os, parcelles de pierre, écrasées par la pression, en forme d’étoiles, descendant mollement. Il faut toujours descendre, aller plus bas. Tout alors était cuirassé, repoussait le poids terrible. Les vessies natatoires se gonflaient, les sacs s’emplissaient d’eau noire. On descendait, continuait à descendre, en suivant les pentes douces des socles continentaux. Quelquefois il y avait des failles, de grandes crevasses couleur d’encre où le vide happait. Sans forme, sans pensée, perdu dans la masse liquide, et les courants froids étaient ouverts de tous les côtés. Non, il n’y avait personne. Il n’y avait pas d’yeux pour voir, pas d’oreilles pour entendre. Il n’y avait rien à sentir, rien à toucher. Seulement à la rigueur, une bouche pour dévorer, gueule distendue qui avançait toute seule à travers l’espace, et engouffrait l’eau. Peut-être qu’un jour apparaîtrait le soleil, très loin, très haut, boule flottante dérivant au milieu de ses nuds de lumière. Mais qu’est-ce que ça voulait dire? Tout le monde était aveugle."

JMG LE CLEZIO – Voyages de l’autre coté


Voir la liste des anciens numéros de "Dernières Images" (les archives) : cliquez [ici]

Site internet : Rencontres sauvages

Me contacter : pascal@pascal-marguet.com

 

Pour vous désinscrire, vous pouvez m'envoyer un e-mail avec pour objet "désinscription",

en cliquant

[ici]