"Radeliers"
(Guil et Durance)
 
Histoire des Radeaux de la Durance
La Durance, durant de longs siècles, a été le véritable cordon ombilical entre mer et montagne. Du moyen-âge au 19ème siècle, l'impétueuse rivière était en effet le seul et unique moyen pour faire transiter par flottage les lourdes et volumineuses pièces de bois nécessaires à la construction maritime en méditerranée. De même, sapins et mélèzes haut-alpins ont été largement utilisés dans l'édification des maisons et bâtiments des cités provençales.
Les pièces de bois, ainsi flottées sous forme de radeaux, étaient liées les unes aux autres par les "réortes" (mot provençal qui signifie une façon de travailler des liens végétaux pour les rendre plus souples).
Les radeliers, pour guider leurs radeaux entre écueils et haut fonds fréquents sur la Durance, utilisaient des rames fixées à l'avant et l'arrière des radeaux. Les plus gros d'entre eux (15 à 20 tonnes) étaient descendus à la faveur des grosses crues.
Les radeaux cessèrent de naviguer sur la Durance peu avant la guerre de 1914.
Extrait de la plaquette distribuée lors des descentes de l'année 2004
"Ce flotteur de bois, je devrais dire cet ancien flotteur de bois, habite maintenant un hameau du côté de Digne. Il est là, tout ratatiné, tout racorni comme un vieux cuir par l'eau de la Durance. De son temps, il montait à pied par la route jusqu'à Remollon, dans les Hautes-Alpes, au-dessus de Gap. Là il avait son embauche dans un grand chantier d'abattage d'arbres. On lui composait des radeaux. Lui supputait l'épaisseur d'eau, revoyait dans sa tête tous les tourbillons, toutes les passes mortes où l'eau dort sans jamais de réveil, toutes les brisures de courant..."

Jean GIONO - Rondeur des Jours (Complément à l'eau vive)


La Durance dans l'Embrunais