Mardi 30 juin 2009
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Au bord de l'eau II
Bergeronnettes et Moineaux

Bergeronnette grise...
Etang de la Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
Samedi 30 mai 2009

... chassant des moucherons.

Saut.

Toilette d'un Moineau domestique mâle.
Etang de la Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
Dimanche 31 mai 2009

Bergeronnette grise au bord du lac.
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Lundi 1er juin 2009

Moineau domestique femelle au bord du lac.
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Lundi 1er juin 2009

Moineau domestique mâle.
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Lundi 1er juin 2009

Bergeronnette grise (2).
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Lundi 1er juin 2009

Retour de la chasse.
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Lundi 1er juin 2009

Bergeronnette grise à sa toilette.
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Lundi 1er juin 2009

Jeune Bergeronnette grise sur une barque.
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Dimanche 28 juin 2009

Bergeronnette grise adulte.
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Dimanche 28 juin 2009

<image recadrée>
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Dimanche 28 juin 2009




Petit texte :

"Un seul ruisseau jasait encore dans la nuit, jasait avec insouciance dans les parois. Plus bas, lancé sur le toboggan des plaques lisses comme verre, il dégringolait en glougloutant dans les antres béants du glacier.
Alors le gel mordit plus dur. Il proliférait sournoisement à ras de roche, poussant des tentacules rigides, bloquant une à une les coulées. Bientôt, il n'y eut plus qu'une dague de cristal s'allongeant démesurément vers les fonds. Cela même enfin cessa de vivre.
Vint le silence. Pas un de ces silences terrestres où chuchote encore la vie, mais quelque chose de total et d'implacable qui ne la laissait même plus concevoir : le silence de la parfaite nuit. Sans fissure, sans poids, sans espoir, une fin en soi. Un silence d'éther, d'avant le Premier Jour, à crier d'angoisse. L'architecture d'un monde où l'espace et le temps ne sont plus que des mots dérisoires évanouis dans l'implacable néant. Ainsi, quelques instants sans mesure, les cimes baignèrent dans l'intégral et pur silence, connurent une inconcevable tension de vie minérale, un paroxysme d'immobilité mortelle... Puis, brusquement, tout croula.
Un pierre tombait dans un couloir lointain avec des efforts de bête en travail, arrachant aux murailles de fantastiques chevelures d'étincelles. Un dernier bond l'envoya cent mètres au-dessous choquer lourdement la glace raboteuse. Une nuée de poix levait dans les abrupts, traversée de grondements furieux qui s'éteignirent en longues vibrations de l'air glacé, sonore comme une cloche.
La nuit remua.
Ce fut d'abord imperceptible, comme un décalage léger des masses, une plus vertigineuse profondeur de l'abîme, une noirceur accrue des ombres...
Soudain, les choses parurent s'animer, tressaillir d'une vague intuition... Ne plus être, le temps d'une seconde, un bloc impénétrable et mat.
La nuit revint, plus fort que jamais.
De nouveau un souffle invisible parcourut l'espace, une large vague d'ondes toujours plus pressées, toujours plus hardies. C'était comme le courant puissant d'un fleuve gonflant sa banquise, comme un levain dans la pâte amorphe des ténèbres.
La nuit luttait.
Et, tout à coup, il y eut une taie grise sur la nuit, une tache indécise sur le front de la nuit, un déchirure mince qui s'étirait vers l'orient, déchiquetait la nuit, séparait le monde en deux comme un fruit.
Non, pas encore de la vraie lumière, plutôt un fléchissement de l'ombre, le pâle et lointain reflet d'un reflet couleur de cendre, sans vertus et sans joie. Mais chaque seconde taillait comme l'acide dans le métal frémissant de la nuit, ciselait nerveusement une crête, dévoilait un plan inattendu... A la fin, il y eut des montagnes, il y eut un ciel.
Des troupeaux d'étoiles fuyaient devant l'épanouissement lent du météore, sa marée phosphorescente et musicale. C'était une éclosion d'accords s'effaçant tour à tour et refleurissant ; les ondulations marines et pures d'une harpe de lumière. Infiniment hautes, les aiguilles flottaient dans des gouffres d'azur, cires fragiles, peu à peu modelées, plus précises, plus réelles, projetant vers la terre des faisceaux de ravins et d'arêtes, un labyrinthe incolore et figé. Les glaciers à leur tour bombèrent dans l'ombre des carapaces reluisantes, déroulèrent anneaux sur anneaux vers la vallée profonde et bleue. Un court instant, la chanson d'un torrent trembla, puis s'évanouit.
Alors des risées coururent sur les lacs frissonnants du ciel où s'allumèrent brusquement des fantasmagories. Dans les profondeurs de jade glissèrent de brillants nuages d'or et de feu, pareils aux merveilleux poissons des îles. Leurs bandes dérivaient toujours plus à l'ouest, vers les grands fonds nocturnes. Le vent de l'aube, rapide et glacial, aiguisa le fil des hautes arêtes, détachant au vol des éclats vitrifiés qui dégringolaient en tintinnabulant. Puis il plongea dans l'à-pic, fila deux mille mètres plus bas, à la surface vernissée du glacier, siffla doucement dans les pierres où nichaient les fleurettes engourdies.
Des nuées s'étiraient aux flancs des monts, dénouaient de confuses amarres. Elles se détachèrent des rives, commencèrent de nager sans hâte dans le vaste aquarium des vallées, tandis qu'au firmament s'ouvraient, en un crescendo irrésistible des violons et des cuivres, les portes royales du jour.
Soudain, coup de cymbales frappé au plus haut point mélodique, un flèche incandescente jaillit de l'horizon sonore. Touchée, une cime grésilla, s'enflamma d'un coup comme une torche. Des coulées d'or rutilant crevèrent les ombres, tendirent en plein zénith l'arc resplendissant des neiges. Par myriades, les pierreries du gel scintillèrent. C'était le début de tout, la première, la pure, l'enthousiasmante aurore du monde. Hier n'avait jamais été. Les pourpres fragiles des métamorphoses colorèrent les granits. Des flots de rayons dépassèrent l'écran des contreforts, balayèrent l'océan violet des cimes. Un, deux, trois pics jaillirent du fourreau de l'ombre. Des lacs épars luirent comme des écus d'argent dans le velours sombre des alpages.
Tout au long des parois, le manteau lourd de l'ombre s'effondrait. Elle fuyait rapidement sur le glacis des dalles, se coulait dans les fissures, lançait des filets opaques à l'embouchure des couloirs. Là-haut, sur les crêtes, la neige mollit, commença à suinter discrètement au contact des roches tièdes. Des ruisselets tracèrent un chemin fantasque sur la peau des pierres, se distillèrent goutte à goutte à la pointe des stalactites.

Enfin, le soleil atteignit la base des parois, dévala rapidement les derniers mètres verglacés, franchit d'un bond la rimaye, dont au passage il alluma les chandelles, et dare-dare s'en vint buter contre le nez d'Alain..."


SAMIVEL - L'Amateur d'Abimes


La Nuit - Grand Corps Malade

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