Mardi 14 avril 2009
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Emission Zapper+net
(France 3 Bourgogne-Franche-Comté)
:

Mon site internet a retenu l'attention du réalisateur de cette émission. Quelques images sont passées dans la rubrique "coup de coeur" de l'émission (tout à la fin !), le samedi 11 avril dernier à 19 h 15 :

Pour voir l'émission, cliquez sur le lien ci-dessous :

http://bourgogne-franche-comte.france3.fr/emissions/33853935-fr.php



Chamois femelles...

Dimanche 22 mars 2009
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)

Sous un épicéa mort, un chamois se gratte...

Puis broute entre les plaques de neige.

A travers les branches: une femelle.

De près, le jeune chamois broute.

Lorsqu'elle passe devant moi : le printemps tiendra sa promesse de renouveau !
Les petits naîtront au début du mois de mai.

Passage d'une jeune femelle dans la falaise.

De profil.

La jeune femelle est suivie par un chamois plus jeune (de cette année ?).
Ici, de derrière !

<Image recadrée>

Retour de la jeune femelle : de face.

Course dans la falaise.



Petit texte :

"Il y avait le silence, surtout, un silence si grand et si fort que Lullaby avait l'impression qu'elle allait mourrir. Très vite, la vie se retirait d'elle et partait, s'en allait dans le ciel et dans la mer. C'était difficile à comprendre, mais Lullaby était certaine que c'était comme cela, la mort. Son corps restait où il était, dans la position assise, le dos appuyé contre la colonne blanche, tout enveloppé de chaleur et de lumière. Mais les mouvements s'en allaient, se dissolvaient devant elle. Elle ne pouvait pas les retenir. Elle sentait tout ce qui la quittait, s'éloignait d'elle à grande vitesse comme des vols d'étourneaux, comme des trombes de poussière. C'étaient tous les mouvements de ses bras et de ses jambes, les tremblements intérieurs, les frissons, les sursauts. Cela partait vite, en avant, lancé dans l'espace vers la lumière et la mer. Mais c'était agréable, et Lullaby ne résistait pas. Elle ne fermait pas les yeux. Les pupilles agrandies, elle regardait droit devant elle, sans ciller, toujours le même point sur le mince fil de l'horizon, là où il y avait le pli entre le ciel et la mer.
La respiration devenait de plus en plus lente, et dans sa poitrine, le coeur espaçait ses coups, lentement, lentement. Il n'y avait presque plus de mouvements, presque plus de vie en elle, seulement son regard qui s'élargissait, qui se mêlait à l'espace comme un faisceau de lumière. Lullaby sentait son corps s'ouvrir, très doucement, comme une porte, et elle attendait de rejoindre la mer. Elle savait qu'elle allait voir cela, bientôt, alors elle ne pensait à rien, elle ne voulait rien d'autre. Son corps resterait loin en arrière, il serait pareil aux colonnes blanches et aux murs couverts de plâtre, immobile, silencieux. C'était cela, le secret de la maison. C'était l'arrivée vers le haut de la mer, tout à fait ausommet du grand mur bleu, à l'endroit où l'on va enfin voir ce qu'il y a de l'autre côté. Le regard de Lullaby était étendu, il planait sur l'air, la lumière, au-dessus de l'eau.
Son corps ne devenait pas froid, comme sont les morts dans leurs chambres. La lumière continuait à entrer, jusqu'au fond des organes, jusqu'à l'intérieur des os, et elle vivait à la même température que l'air, comme les lézards.
Lullaby était pareille à un nuage, à un gaz, elle se mélangeait à ce qui l'entourait. Elle était pareille à l'odeur des pins chauffés par le soleil, sur les collines, pareilles à l'odeur de l'herbe qui sent le miel. Elle était l'embrun des vagues où brille l'arc-en-ciel rapide. Elle était le vent, le souffle froid qui vient de la mer, le souffle chaud comme une haleine qui vient de la terre fermentée au pied des buissons. Elle était le sel, le sel qui brille comme le givre sur les vieux rochers, ou bien le sel de la mer, le sel lourd et âcre des ravins sous-marins. Il n'y avait plus une seule Lullaby assise sur la véranda d'une vieille maison pseudo-grecque en ruine. Elles étaient aussi nombreuses que les étincelles de lumière sur les vagues.
Lullaby voyait avec tous ses yeux, de toutes parts. Elle voyait des choses qu'elle n'aurait pu imaginer autrefois. Des choses très petites, des cachettes d'insectes, des galeries de vers. Elle voyait les feuilles des plantes grasses, les racines. Elle voyait des choses très grandes, l'envers des nuages, les astres, derrière l'écran du ciel, les calottes polaires, les immenses vallées et les pics infinis des profondeurs de la mer. Elle voyait tout cela au même instant, et chaque regard durait des mois, des années. Mais elle voyait sans comprendre, parce que c'étaient les mouvements de son corps, séparés, qui parcouraient l'espace au-devant d'elle.
C'était comme si elle pouvait enfin, après la mort, examiner les lois qui forment le monde. C'étaient des lois étranges qui ne ressemblaient pas du tout à celles qui sont écrites dans les livres et qu'on apprenait par coeur à l'école. Il y avait la loi de l'horizon qui attire les corps, une loi très longue et très mince, un seul trait dur qui unissait les deux sphères mobiles du ciel et de la mer. Là-bas, tout naissait, se multipliait, en formant des vols de chiffres et de signes qui obscurcissaient le soleil et s'éloignaient vers l'inconnu. Il y avait la loi de la mer, sans commencement ni fin, où se brisaient les rayons de la lumière. Il y avait la loi du ciel, la loi du vent, la loi du soleil, mais on ne pouvait pas les comprendre, parce que leurs signes n'appartenaient pas aux hommes..."

Lullaby - JMG LE CLEZIO


Lullaby - Goran BREGOVIC

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