Mardi 24 mars 2009
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INVITATION

Venez nombreux,

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à laquelle je participe.

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Chamois femelle et son petit, au repos.


Dimanche 1er mars 2009


La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)

Derrière un Epicéa, un jeune de l'année.

D'autres chamois, un peu moins jeunes : derrière les rameaux d'un Frêne.

La petite harde : quelques femelles et des jeunes.

Chamois femelle et son petit.
Hommage à SAMIVEL
.
(c'est une affiche que je possède depuis mon séjour dans les Hautes-Alpes ! : au fond, c'est la Meije)...

La femelle, toujours suivie par son petit.

Un autre jeune arrive : il semble "jaloux" au point de chasser le petit (?).

Le petit vient derrière la femelle...

... et se couche !

Suivi par la femelle.

La femelle, en train de ruminer.

Repos.



Petit texte :

"Je remplis ma gourde, pris deux bouteilles supplémentaires dans mon sac à dos et partis. A la limite du camp, je vis un sac à main suspendu dans un arbre.
Je traversai un plateau de dunes de sables et de roche rouge friable, entrecoupé de ravins difficiles à franchir. Les broussailles avaient été brûlées pour des battues et des bourgeons d'un vert brillant avaient repoussé sur les souches.
Je grimpai d'un pas régulier et, regardant en arrière vers la plaine, je compris pourquoi, dans leurs peintures, les aborigènes représentaient leur terre sous la forme de touches « 
pointillistes ». La terre était parsemée de points. Les points blancs étaient des spinifex, les bleuâtres les eucalyptus et les vert citron une autre herbe en touffes. Je compris également, mieux que jamais, ce que Lawrence voulait dire quand il parlait de la « singulière pudeur, effarouchée et lasse, de l'Australie ».
Un wallaby se leva et dévala la pente à grands bonds. Je vis ensuite, sur le côté opposé du précipice, une forme volumineuse sous l'ombre d'un arbre. Je crus d'abord qu'il pouvait s'agir d'un de ces gros kangourous appelés les géants roux, jusqu'au moment où je me rendis compte que c'était un homme.
Je gravis lestement le bord opposé pour trouver le vieil Alex, nu, ses lances posées au sol et son manteau de velours roulé en paquet à côté de lui. Je fis un signe de tête auquel il répondit.
« 
Hello, dis-je. Qu'est-ce qui vous amène ici? »
Il sourit, honteux de sa nudité, et entrouvrant à peine les lèvres, dit : « 
Marcher tout le temps dans le monde entier. »
Je le laissai à sa rêverie et poursuivis ma randonnée. Le spinifex devenait plus épais que jamais. Parfois je désespérais de pouvoir le traverser, mais, comme en suivant un fil d'Ariane, je parvenais toujours à contourner l'obstacle.
Ensuite, à peine eus-je succombé à la tentation de poser ma main sur un buisson – comme celle de toucher un hérisson -, que je retrouvai subitement ma paume couverte de piquants de plusieurs centimètres. En les enlevants, je me souvins des paroles d'Arkady : « 
Tout est épineux en Australie. Même le varan a la gueule pleine d'épines. »
J'escaladai les éboulis de l'escarpement pour aboutir sur une pointe rocheuse acérée. L'endroit ressemblait véritablement à la queue d'un perentie. Au-delà, s'étendait un plateau planté de quelques arbres le long du lit desséché d'un ruisseau. Les arbres, dépourvus de feuilles, avaient une écorce grise et fripée et de minuscules fleurs écarlates qui tombaient au sol comme des gouttes de sang.
Je m'assis, épuisé, dans l'ombre parcimonieuse d'un de ces arbres. Il régnait une température infernale.
A quelques distance de là, deux pies-grièches mâles, noires et blanches comme de simples pies, reprenaient leur antienne de part et d'autre d'un ravin. L'un des oiseaux levait son bec verticalement et faisait entendre trois longues notes joyeuses suivies de trois autres plus brèves et plus hautes. Le rival apprenait alors la mélodie et la répétait.
« 
C'est aussi simple que cela, me dis-je. Ils échangent des notes de chaque côté d'une frontière. »
J'étais étendu, bras et jambe écartés contre le tronc de l'arbre avec une jambe ballante sur le rebord rocheux, buvant à ma gourde en longs traits goulus. Je sus alors ce que Rolf voulait dire en parlant de déshydratation. C'était pure folie que de vouloir atteindre le sommet de la montagne. Il me fallait revenir par où j'étais venu.
Les pies-grièches s'étaient tues. La sueur ruisselait sur mes paupières et tout m'apparaissait brouillé et déformé. J'entendis le fracas de quelques pierres qui roulaient dans la pente. Je levai les yeux et vis un monstre s'approcher.
C'était un varan géant, le seigneur de la montagne, le perentie lui-même. Il devait bien avoir deux mètres de long. Sa peau, de couleur ocre pâle, portait des marques brunes plus foncées. Il léchait l'air de sa langue lilas. Je restai figé sur place. Il continua à s'avancer sans que je puisse savoir s'il m'avait vu. Ses griffes passèrent à quelques centimètres de mes chaussures. Puis il fit demi-tour sur lui-même et, s'accélérant soudainement, repartit dans la direction d'où il était venu.
Le varan possède une denture impressionnante, mais c'est un animal inoffensif s'il n'est pas contraint de se défendre. En fait, hormis les scorpions, les serpents et les araignées, l'Australie est un pays exceptionnellement accueillant.
Cela n'a pas empêché les aborigènes d'hériter de tout un bestiaire de montres et de loups-garous servant à menacer les enfants et martyriser les jeunes gens au moment de l'initiation. Je me souvins de la description du Boly-yas que donne Sir George Grey : une créature aux oreilles plates, plus prompte à la vengeance sournoise qu'aucun autre être, qui mangeait de la viande, mais laissait les os. Je me rappelai le Serpent Arc-en-Ciel. Arkady aussi m'avait parlé du Manu-manu, une créature à la gueule garnie de crocs, proche du yéti, qui se déplaçait sous terre, rôdait dans les camps la nuit et enlevait les étrangers sans méfiance.
Les premiers Australiens, me dis-je après réflexion, ont dû connaître de véritables monstres comme le Thylaco-leo ou « 
lion marsupial ». Il existait aussi un varan de plus de neuf mètres de long. Cependant, rien dans la mégafaune australienne ne pouvait se comparer aux horreurs de la brousse africaine.
J'en vins à me demander si le côté violent des moeurs des aborigènes – les vendettas sanglantes et les initiations cruelles – ne tirait pas son origine du fait qu'ils n'avaient pas de bêtes féroces à combattre.
Je me relevai péniblement, escaladai le contrefort rocheux d'où je dominai le lotissement de Cullen.
Je pensai que, de là, je pourrais discerner une voie de descente plus aisée, pouvant m'éviter le franchissement des ravins. Ce chemin « 
facile » se révéla en fait être une délicate pente d'éboulis, mais je parvins en entier au bas du pierrier et poursuivis vers le village en suivant le lit d'un ruisseau.
Un filet d'eau y coulait et des buissons y poussaient. Je m'aspergeai le visage et repris ma marche. J'avais levé mon pied droit pour faire un pas et je m'entendis dire : « 
je vais marcher sur quelque chose qui ressemble à une grosse pomme de pin verte. » Ce que je n'avais pas encore vu, c'était la tête du king-brown, prêt à frapper, dressé derrière un buisson. Je fis marche arrière et reculai, très lentement... un... deux... un... deux. Le serpent se retira également et se faufila dans un trou. Je me disais à moi-même : « tu as fait preuve de beaucoup de sang-froid » au moment où je sentis monter les premiers effets de la nausée.
Je fus de retour à Cullen à une heure et demie.
Rolf me regarda des pieds à la tête et me dit : «
 vous m'avez l'air d'être drôlement secoué, mon vieux. »..."

Bruce CHATWIN – Le chant des pistes.

 

5 ème mouvement de la
"Symphonie fantastique" d'Hector BERLIOZ

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